L’intention entrepreneuriale, état mental conscient et subjectif d’orientation vers l’acte entrepreneurial, est une composante à part entière du processus de création d’entreprise et constitue un élément-clé au moment de prédire l’acte entrepreneurial. Les études sur l’intention d’entreprendre, définie de façon variable en fonction des auteurs, ont fait l’objet de publications dès les années 1980 (Zineelabidine et al., 2018). Malgré une littérature abondante, la complexité du phénomène et ses diverses dimensions n’ont pu être complétement embrassées (Donaldson, 2019). En effet, pas moins de onze définitions différentes de l’intention d’entreprendre (Donaldson, 2019) et cinq catégories de publications ont été relevées par les auteurs (Liñan & Fayolle, 2015 ; Zineelabidine et al., 2018). Ainsi, les publications sur l’intention d’entreprendre traitent aussi bien de la proposition et de l’évaluation de modèles explicatifs, que de l’influence des variables personnelles, de l’éducation à l’entrepreneuriat, des dimensions contextuelles, sociales et institutionnelles et de la place particulière de l’intention dans le processus entrepreneurial. Véritable « odyssée pluridisciplinaire » (Zineelabidine et al., 2018), la recherche sur le sujet est devenue un domaine d’investigation mobilisant des expertises pluridisciplinaires, méthodologiquement diverses et relevant de terrains d’études multiples tels que l’entrepreneuriat durable, familial ou les écosystèmes entrepreneuriaux (Linan & Fayolle, 2015).

Les questions de recherche sur l’intention d’entreprendre sont étroitement liées aux stratégies individuelles et collectives de formation à l’entrepreneuriat, des plus institutionnalisées aux plus informelles. C’est pourquoi il convient de se focaliser sur les liens entre intention et accompagnement et éducation à l’entrepreneuriat afin d’identifier les thématiques et problématiques qu’il reste encore à explorer sur le sujet. D’une part, la compréhension des facteurs qui influencent l’intention d’entreprendre peut aider à orienter les stratégies de formation à l’entrepreneuriat et la conception des outils et ressources de développement des compétences entrepreneuriales. Il semble particulièrement intéressant d’interroger les modalités et possibilités de leur prise en compte et de leur intégration dans les stratégies des organismes de formation et d’accompagnement à l’entrepreneuriat. D’autre part, les stratégies d’usage et d’offre des formations peuvent également influencer l’intention d’entreprendre. L’impact des choix, motivations et stratégies d’adaptation déterminant le contenu des formations à l’entrepreneuriat nécessiterait d’être étudié. En outre, l’influence de l’environnement pourrait être explorée de manière plus approfondie, notamment dans le cas des apprentissages informels issus de contacts avec la sphère familiale (Le Loarne-Lemaire, 2014).

Bien que la recherche en éducation à l’entrepreneuriat se soit fortement développée depuis une trentaine d’années, de nombreuses questions restent encore à approfondir (Fayolle, 2013 ; Neck & Corbett, 2018), et notamment en ce qui concerne les dynamiques psychologiques, sociales, démographiques, micro-économiques à l’oeuvre dans le cadre d’un apprentissage. Il conviendrait de se demander si la pluridisciplinarité des recherches menées autour de l’intention entrepreneuriale peut contribuer à répondre à ces questionnements. A une échelle micro, quelle est la place des intentions entrepreneuriales ? Contribuent-elles aux choix de design, d’environnement et d’évaluation des apprentissages ? Les facteurs institutionnels jouent-ils un rôle particulier ? Quels effets peuvent avoir une diversité d’intentions entrepreneuriales des participants sur l’animation du cours d’entrepreneuriat ? Les formations à l’entrepreneuriat engendrent-elles des incitations à entreprendre ? Et de quelle manière ?

Ce numéro spécial de Marché & Organisations placera l’intention entrepreneuriale au coeur des enjeux d’éducation et d’accompagnement à l’entrepreneuriat, plébiscités par les pouvoirs publics en tant que principales voies d’accès au processus entrepreneurial. Nous souhaitons encourager une fertilisation croisée entre recherche en intention entrepreneuriale et recherche en éducation et accompagnement à l’entrepreneuriat. Nous nous demanderons comment les travaux de recherche menés sur l’intention entrepreneuriale peuvent nourrir les recherches en éducation à l’entrepreneuriat, et inversement. Nous souhaitons par exemple nous intéresser au rôle effectif des dispositifs d’éducation et d’accompagnement à l’entrepreneuriat et à leur impact sur les attitudes et niveaux d’intention entrepreneuriale, aux limites et défis éventuels à relever compte tenu de la diversité de profils d’entrepreneurs et types de projets, ainsi qu’à l’identification de nouveaux programmes pouvant être proposés. Les questions théoriques et conceptuelles pourront ainsi être (liste non exhaustive) :

• Quels programmes, méthodes ou postures d’enseignement ou d’accompagnement
• peuvent avoir un impact sur l’intention entrepreneuriale des participants ?
• Comment évaluer et optimiser la détection de l’intention entrepreneuriale ?
• Peut-on identifier des facteurs externes de stimulation de l’intention entrepreneuriale issus, par exemple, des environnements économique, politique, social ?
• Peut-on, à partir de l’intention entrepreneuriale, prédire l’activité entrepreneuriale ?
• Quel rôle peuvent jouer les parties prenantes au sein de l’écosystème éducatif entrepreneurial sur la formation de l’intention entrepreneuriale ?
• Comment les établissements d’enseignement supérieur se saisissent-ils de cette question ?
• Une fois cette intention entrepreneuriale identifiée, comment l’accompagner ?
• Comment la prise de conscience environnementale et/ou sociale peut-elle influencer
• l’intention entrepreneuriale ?
• En quoi la formation à l’esprit d’entreprise peut-elle être informelle ?
• Quelles sont les incitations provoquées par les apprentissages formels et informels ? Quid de l’acteur (y compris son idiosyncrasie) et du système (politiques macro-économiques libérales d’incitation) ?

La fertilisation croisée étant une action de production enrichie par interaction de champs d’activité et de réflexion (Savall & Zardet, 1995), nous espérons que les travaux présentés permettront de :

• Contribuer à la structuration et l’institutionnalisation de systèmes d’échanges interdisciplinaires sur ces thèmes ;
• Contribuer à l’émergence d’innovations en termes de pratiques de sensibilisation, formation et accompagnement à l’entrepreneuriat ;
• Contribuer aux réflexions sur les politiques publiques et stratégies de développement de l’entrepreneuriat portées par les acteurs et parties prenantes de la formation et de l’accompagnement entrepreneurial;
• Faire émerger de nouveaux sujets, stratégies et thématiques de recherche transdisciplinaires.

Toutes les contributions à dimension empirique ou théorique, qualitatives ou quantitatives s’inscrivant dans ce thème de l’intention entrepreneuriale, sont les bienvenues. Un atelier de développement de papiers sera organisé dans le cadre d’une Journée d’Etudes sur l’Intention Entrepreneuriale en décembre 2023 dans les locaux d'Ascencia Business School, à Paris - La Défense.

Ajzen, L. (1991) The theory of planned behavior, Organisational Behavior and Human Decision Processes, 50 (2),179-211.
Ben Massou, S. (2023). La relation entre la formation en entrepreneuriat et l’intention entrepreneuriale dans l’enseignement supérieur au Maroc : le cas de l’Université Cadi Ayyad. Marché et organisations, 46, 69-95. https://doi.org/10.3917/maorg.046.0069
Donaldson, C. (2019). Intentions resurrected: a systematic review of entrepreneurial intention research from 2014 to 2018 and future research agenda. International Entrepreneurship and Management Journal, 15, 953–975.
Fayolle, A. (2013). Personal views on the future of entrepreneurship education. In A research agenda for entrepreneurship education. Edward Elgar Publishing https://doi.org/10.4337/9781786432919.00013
Fayolle, A. & Gailly, B. (2013) The impact of entrepreneurship education on entrepreneurial attitudes and intention: Hysteresis and persistence, Journal of Small Business Management, 53(1), 75-93, 2015.
Jemli, H. (2018). Effet de l’enseignement de l’entrepreneuriat sur l’intention entrepreneuriale des étudiants inscrits dans les écoles tunisiennes d’ingénieurs. Marché et organisations, 33, 145-171. https://doi.org/10.3917/maorg.033.0145.
Léger-Jarniou, C. (2008). Accompagnement des créateurs d’entreprise : regard critique et
propositions. Marché et organisations, 6, 73-97. https://doi.org/10.3917/maorg.006.0073
Le Loarne-Lemaire, S. (2014). Introuvable diversité entrepreneuriale.... Entreprendre & Innover, 20, 14-23. https://doi.org/10.3917/entin.020.0014
https://doi.org/10.1007/s11365-015-0356-5
Liñán, F., Rodríguez-Cohard, J. C. & Rueda-Cantuche, J. M., (2011). Factors affecting entrepreneurial intention levels: a role for education. International Entrepreneurship and Management Journal, 7(2), pp.195-218.
Lo, C.M & Wang, J.R, (2007) The Entrepreneurial Intention under Environmental Uncertainty, Journal of Accounting, Finance & Management Strategy, 3(1), 21-43.
Lorz, M. Mueller, S. & Volery, T. (2013) « Entrepreneurship education: a systematic review of the methods in impact studies », Journal of Entreprising Culture, 21(2), 123-151.
Neck, H. M. & Corbett, A.C. (2018). The scholarship of teaching and learning entrepreneurship, Entrepreneurship Education and Pedagogy, 1(1), 8-41. https://doi.org/10.1177/2515127417737 Savall H.et Zardet V. (1995) L’ingénierie stratégique du roseau, Economica, p. 497.
Rideout, E.C & Gray, D.0 (2013) Does Entrepreneurship Education really work? a review and methodological critique of the empirical litterature on the effects of university-based entrepreneurship education », Journal of Small Business Management, 51(3), 329-351.
Zineelabidine, M. Haissainate, M. & Hammouchi, M. (2018), L’Intention Entrepreneuriale : Revue de Littérature et Thématiques d’Analyses, International Journal of Business & Economic Strategy (IJBES), Vol. 9 pp.7-22.

01/06/2023 : diffusion de l’appel à communications
22/09/2023 : envoi des propositions de communication
15/10/2023 : retour des évaluateur.trice.s
05/12/2023 : atelier de développement de papiers à Paris, La Défense
15/04/2024 : date limite de soumission des articles complets
15/07/2024 : date de réponse des évaluateurs.trices
31/10/2024 : date de soumission des articles révisés
1er semestre 2025 : publication du numéro spécial

Les propositions de communication doivent se présenter sous la forme d'un résumé de 1 500 mots, accompagné de trois à cinq mots-clés, et précisant la problématique, la méthodologie et les résultats attendus.

Le dépôt des propositions se fait par défaut et de préférence via l'onglet correspondant de la présente plateforme. Attention, vous devez vous authentifier en premier lieu en utilisant vos identifiants sur SciencesConf ou sur HAL.

Il est aussi possible d'envoyer les propositions par courriel aux adresses suivantes : siavash.atarodi@missioneo.fr , c.makaya@parisnanterre.fr et arouatbi@ascencia-bs.com

Siavash ATARODI (directeur du numéro, Laboratoire Missioneo, Freeland Group, Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences, Université de Lorraine, France)

Christian MAKAYA (co-directeur du numéro, Ascencia Business School, Université Paris-Nanterre - Laboratoire CEROS, France)

Céline BARREDY (Université Paris-Nanterre, Laboratoire CEROS, France)

Mohamed HASSAINATE (Université Mohammed V de Rabat, Maroc)

Amina ROUATBI (Ascencia Business School, France).